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Au milieu coule la rivière Springsteen

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Après Born To Run et Darkness On The Edge of Town, c’est au tour de The River, double-album fleuve paru en 1980, de bénéficier de l’inévitable traitement Deluxe appliqué aux barons du classic-rock dans l’écrin CD/DVD The Ties That Bind : The River Collection.

Deux disques audio supplémentaires, un documentaire et un concert filmé viennent ainsi s’ajouter aux vingt titres de la version originale. Le premier propose la version simple de The River initialement imaginée par Bruce Springsteen. Baptisée The River : Single Album, cette séquence light de 10 sélections compense sa brièveté par la présence de l’affable inédit « Cindy ». Tendu, plus ramassé, plus léger, mais Springsteen, en éternel indécis du final cut, ne tardera pas à trancher : le successeur de Darkness sera long et sinueux. Comme un torrent.

Springsteen.The+River.box+set.contents.2015The River : Outtakes, le deuxième CD, offre 22 démos et titres coupés au montage par un Springsteen débordé par sa baraka de songwriter ultra-prolifique. Rien de très fulgurant à relever au rayon pertes et profits, si ce n’est le Farfisa-rock tatoué de « Chain Lightning » et un superbement magnétique « Stray Bullett ». Approche artisanale oblige, on entendrait presque le clac du magnétophone à piles sur une prise guitare-voix roots de « Mr. Outside ». En revanche, carton jaune pour une proposition qui use et abuse de l’overdubbing contemporain en substituant la voix du Springsteen quasi-trentenaire à son avatar à voix de tête de 2015. Les Brucophiles convaincus se doivent également de posséder les dix plages déjà présentes dans l’anthologie alternative Tracks, sortie en 1998, tout en se disant que le Patron en a peut-être mis un peu à gauche dans l’optique d’un Tracks bis…

 

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Vous reprendrez bien une Bud ?

Les CDs rangés dans leur étui, il est temps d’allumer le poste et de glisser les deux dernières rondelles du coffret dans le lecteur Blu-Ray pour en apprendre un peu plus sur la gestation de The River. Décrit comme « la pierre angulaire » de l’écriture Springsteenienne par son auteur à barbichette dans The Ties That Bind, le documentaire face caméra de Thom Zimmy, la chanson « The River » permet au songwriter de « Thunder Road » et « Racing in the Street » d’entrer à la première personne dans la peau de ses personnages – ici son beau-frère, victime anonyme de la crise économique. Entre deux explications de texte et autres archives d’époque (dont le film du mariage du batteur Max Weinberg !), Bruce Springsteen passe à la pratique en réinterprétant des extraits de l’album en version acoustique sur le perron de son garage. Vous reprendrez bien une Bud ?

On retrouve le même Springsteen sur scène 35 ans plus tôt dans le concert filmé inédit proposé sur le deuxième Blu-Ray du packaging. Capturé le 5 novembre 1980, au lendemain de l’investiture de Ronald Reagan – un « Badlands » particulièrement furibard est là pour le prouver – le concert de l’Arizona State University de Tempe s’impose comme la pièce maîtresse du sarcophage. Euphorisante (ou épuisante en fonction de votre degré de tolérance pour un E Street Band qui ferait passer le Crazy Horse de Neil Young pour Steely Dan), cette performance bénéficie d’une qualité sonore et visuelle spectaculaire, à l’image d’un Springsteen à l’énergie Red Bullesque. Les fans pointilleux noteront sans doute l’absence de « Point Blank », « Wreck On The Highway » ou « Candy’s Room », mais ils ne manqueront pas de s’incliner devant une captation 100% inédite qui contient même des répétitions du Boss et ses employés en bonus.

Discutable côté archives audio, mais d’une richesse certaine dans sa partie vidéo, The Ties That Bind : The River Collection permet de remonter le fil d’une rivière qui, avec un peu de chance, devrait nous conduire prochainement aux confins du Nebraska.

Bruce Springsteen The Ties That Bind : The River Collection. Coffret 4CDs+3DVDs ou 4CDs+2Blu-Rays (Columbia/Sony Legacy).

                                                                                                                                                                   Remerciements à Pierre « Ramrod » Mesguiche