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Jacob Collier, à Vienne que chantera

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C’est sur la grande scène du Théâtre Antique de Jazz à Vienne que le jeune homme-orchestre anglais – et protégé de Quincy Jones – a fait ses débuts devant le public français. Paris osé, paris gagné.

Déjà, lors de la balance, on l’avait vu gigoter comme un (grand) lutin pressé au beau milieu de son instrumentarium, passant des claviers à la batterie, du piano aux percussions, du mélodica à la guitare, de la basse au micro. Avec son air juvénile et son sourire désarmant, tout semble facile avec lui. Mais après tout, Jacob Collier n’est pas le premier homme-orchestre… Avant lui, Prince, Junie Morrison, Frank Zappa, Paul Rodgers, Todd Rundgren, Lenny Kravitz, Marcus Miller, John Fogerty ou encore Stevie Wonder – son héros –, ont ou auraient pu enregistrer des disques seul en studio, comme il vient de le faire avec le bien nommé “In My Room”, album plus que prometteur qui révèle non seulement Jacob le phénomène mais aussi – et c’est au moins aussi important –, Collier le songwriter.
Quand dans vos mains n’importe quel instrument ressemble à un jouet pour enfant, créer de la musique seul en studio avec pour seule camarade de jeu l’inspiration semble être de nos jours quelque chose d’humainement concevable, surtout depuis que la puissance de calcul des ordinateurs facilite chaque jour un peu plus la tâche des créateurs.
Ce qui distingue Jacob Collier de ses illustres prédécesseurs, c’est qu’il ose donc affronter les feux de la rampe en installant tout son salon de musique sur scène. Et comme si le défi n’était pas assez fou, il le relève devant près de 8000 personnes et en première partie d’un groupe légendaire dont le leader sait mettre le public dans sa poche en quelques secondes ! (Chic et Nile Rodgers, pour ne pas les nommer. Nile Rodgers que d’aucuns virent, sur le côté de la scène, rire de bonheur et prendre des photos en découvrant Jacob Collier…)

Cette foule prête-à-danser mais cependant exigeante du Théâtre Antique, on la sentit, selon les morceaux, éblouie ou perplexe, touchée ou décontenancée. « Mais comment fait-il donc ? » Oui, c’est vrai, comment fait-il donc pour démultiplier sa voix et faire surgir comme par magie un arc-en-ciel d’harmonies vocales ? Comment fait-il donc pour rester si concentré sur son sujet – (re)créer des chansons en direct – en passant, en courant même parfois d’un instrument à l’autre dans le feu de l’action ? Cela s’appelle la maîtrise, l’envie de partager, de créer quelque chose d’inouï et d’accessible ; cela s’appelle l’amour de la musique.

COLLIER Photo 2En commençant son show par Don’t You Worry ’Bout A Thing de Stevie Wonder, puis en enchaînant avec Close To You de Burt Bacharach, P.Y.T. de Michael Jackson ou encore In My Room des Beach Boys, Jacob Collier dit sa passion pour les chansons bien faites (c’est le moins qu’on puisse dire) et rend hommage aux auteurs-compositeurs et aux performers qui l’inspirent.
Sa douce folie, lui qui pourrait jouer au jubebox humain et mettre facilement tout le monde dans sa poche, c’est d’avoir le cran de jouer aussi ses nouvelles chansons, telles l’incroyable Don’t You Know (déjà enregistrée live avec Snarky Puppy) et l’émouvant Hideaway, entre autres.
Qu’il y a-t-il au sommet de l’échelle de ce Jacob ? On ne le sait pas encore, et c’est ça qui est excitant.
Prochaine étape hexagonale le 27 juillet au festival Cinq Continents de Marseille (sans oublier Montreux le 7 juilletet le North Sea Jazz Festival le 9), puis, c’est promis, cet automne à Paris.

http://www.jacobcollier.co.uk

http://jazzavienne.com