Prince a toujours demandé conseil à Patrice Rushen. Dès l’enregistrement de son premier album, “For You”, la claviériste et chanteuse est venue lui prêter main forte, en toute discrétion. Elle se souvient.
« C’est moi qui, dans “For You”, en 1978, ai arrangé Baby. J’ai souvent eu des longues conversations avec Prince au téléphone. On me le passe, et j’entend sa voix douce… Je l’aime vraiment, j’ai toujours pensé que sa musique avait quelque chose de spécial. C’est difficile de voir qu’un artiste peut devenir prisonnier de ses fans, toute la confusion que cela créée. Mais quand nous parlons, c’est réel.
Le succès de “Purple Rain” l’a perturbé. Je me souviens l’avoir croisé, à New York – je ne sais même plus pourquoi j’étais là-bas –, nous étions dans le même hôtel. Il l’a su, nous nous sommes retrouvés dans un petit salon, et nous avons une merveilleuse conversation. Le disque n’était pas encore sorti, il savait qu’il allait sortir quelque chose de grand, mais il avait peur. Je lui ai dit : “As-tu fait de ton mieux ? Crois-tu vraiment en ta musique ?” Il m’a répondu : “Oui…” J’ai ajouté : “Hé bien alors, reposes-toi là-dessus.” “Que Dieu t’entende”, a-t-il ajouté. Dans le monde de la pop, où tout est si vite monté en épingle, l’essence de votre musique peut disparaître encore plus vite… Prince peut être une très grande personne, il a énormément de respect pour les musiciens. »
A LIRE AUSSI Patrice Rushen, interviewée dans le n° 671 de Jazz Magazine, actuellement en kiosque.
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