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Classiq Rock

Van Halen, toujours dans le vent

Quelques semaines après la parution simultanée des nouvelles versions remasterisées de l’historique premier opus de Van Halen (1978) et du populaire “MCMLXXXIV” (en américain, “1984”), les autres albums enregistrés entre 1979 et 1982 avec David Lee Roth vont à leur tour être réédités dans quelques jours. Welcome back, “Van Halen II”, “Women And Children First”, “Fair Warning” et “Diver Down” ?

VAN Halen 2
« Y a-t-il un Companion Disc™ avec des inédits et des alternate takes ? »
: là est la question, à laquelle on répondra, hélas, négativement. Comme pour “Van Halen” et “MCMLXXXIV”, les nouvelles versions remasterisées de “Van Halen II” (1979), “Women And Children First” (1980), “Fair Warning” (1981) et “Diver Down” (1982) reprennent exactement le contenu des 33-tours originaux. Quant au remastering, n’ayant pas encore reçu mes implants bioniques destinés à améliorer mes capacités auditives (au point que je serai bientôt capable, selon Oscar Goldman, de faire la différence entre un vinyle original un fichier mp3 !), j’avoue que j’ai du mal à distinguer à l’oreille nue s’il est réellement différent de celui de 2000 (l’année de la première vague de réédition des six premiers Van Halen). Mais à en croire les stickers collés sur chaque CD, il a été fait « à partir des bandes masters analogiques ». Ah bon ?! Et ceux de 2000, ils avaient été faits à partir de quoi ? De cassettes achetés dans une station Esso ?
« Et la présentation : digipacks vernis ou façon paper sleeve ? » : là est l’autre question, à laquelle on repondra encore négativement… (Je sens que je vais me faire des amis.) Vous vous souvenez des bons vieux boîtiers “cristal” avec la tranche noire et leurs faméliques livrets de quatre pages reprenant les éléments des pochettes originales jivaroïsés ? Ben oui, ils ont osé… « Dis donc, cher Doc, ils se foutraient pas un peu de notre gueule les Van Halen ? » En voilà une question directe ! A laquelle je suis obligé de répondre par « oui, un peu, même si contrairement aux rééditions de 2000, les diques ressortent aussi en vinyles, ce qui, j’en conviens, ne vous consolera pas forcément… ».

VAN Halen 3 Women And Children FirstMais quel plaisir, cependant, d’avoir réécouté “Van Halen II”. En moins de 32 minutes (!), David Lee Roth (le chaînon manquant entre Frank Sinatra et Carlos), Eddie Van Halen (le dernier novateur de la guitare électrique ?), Michael Anthony (sa basse ondulante et ses chœurs beach-boysiens) et Alex Van Halen (le swingman de plomb) balaient tout le spectre du hard-rock potache, poussant le curseur pop un peu plus loin que dans leur opus inaugural – mais pas jusqu’à onze, rassurez-vous. C’est la fête au village, des riffs de feu sortent comme par magie des dix doigts d’Eddie, dont la guitare crache quelques soli mémorables (You’re No Good, Outta Love Again, Women In Love, l’instrumental acoustique Spanish Fly). Ce jeune homme, il faut bien le dire, est un insolent surdoué.

 

 
VAN Halen 4 Fair Warning“Women And Children First” et “Fair Warning” sont nettement plus heavy, plus sombres, et se risquent même, de ci de là, au bizarre (l’enchaînement de l’instrumétal Tora ! Tora ! et de l’halluciné/hallucinant Loss Of Control, dans “Women…”, me fichait presque les miquettes quand j’avais 15 ans). Dans “Fair…”, l’intro et le riff légendaires du tribal Mean Street vous feraient sortir un grizzli de sa tannière. Le funk au ralenti de Push Come To Shove est somme toute presque avant-gardiste. Sunday Afternoon In The Park, l’instru science-fiction et ses bulles synthétiques noires m’a toujours fasciné (je vous encourage à vous faire une compilation des instrumentaux de Van Halen).
Sinon, “Fair Warning” est encore plus court que “Van Halen II” ! Et “Diver Down” ne le dépasse que de quelques secondes… A l’époque, pourtant, personne ne se plaignait de la briéveté des 33-tours de Van Halen ! Sachant en plus que cinq morceaux sur douze sont des reprises, on se dit que nos amis étaient de sacrés fainéants ! Cela dit, ces reprises valent le détour. Au compteur : Where Have All The Good Times Gone ? des Kinks (quatre ans après You Really Got Me dans le premier album), (Oh) Pretty Woman de Roy Orbison, Dancing In The Street de Martha & The Vandellas, qui préfigure les aventures en solo de David Lee Roth (super partie de synthés d’E.V.H.), Big Bad Bill (Is Sweet William Now), façon Caveau de La Huchette, avec Jan, le père d’Eddie et d’Alex, à la clarinette (!) et Happy Trails, pignolade façon cow-boy pompette. Parmi les rares compositions originales, on retiendra surtout Secrets, pop song cool, un rien bluesy et presque dansante griffée par un solo de guitare fluide et pétéradant. Sans oublier deux brefs instrumentaux hors-normes : Cathedral et Little Guitar, showcases ludiques pour guitare élastique.
Van Halen 5 Diver Down

On terminera cette brève ballade en terre vanhalenoïde en se disant qu’il est désormais exclu que paraisse un jour un coffret truffé de raretés et de live de la grande époque. Ce qui nous pousse donc à nous en retourner encore et encore vers les six albums gravés entre 1978 et 1984. Il est des obligations plus désagréables quelle celle-là…

CD et 33-tours “Van Halen II”, “Women And Chidren First”, “Fair Warning” et “Diver Down” (Warner Bros. / Warner Music, sortie le 10 juillet)