Van Morrison Soul Brother Number One à Montreux

Van Morrison avait-il envie de quitter tôt l’auditorium Stravinski pour aller miser son cachet au Casino Barrière, ou peut-être pouvoir assister à la deuxième mi-temps de France-Allemagne ? Le choix de programmer le roi de la soul celtique en première partie du soul survivor Charles Bradley étonne et c’est dans une salle aux deux tiers vide que Van the Man lance « Moondance » au saxophone alto à l’heure de l’échauffement. Entouré d’un épatant quintet polyvalent, le crooner mystique en Ray ban -et troublant sosie de Claude Brasseur, mais nous nous égarons- est en voix : il scatte superbement « Like Young Lovers Do », medleytise avec entrain  » Baby Please Don’t Go » et  » Don’t Start Crying Now », pare « Ancient Highway » de somptueuses harmonies blue-eyed soul depuis retourne en coulisses en chantant le vamp de « Ballerina » pour un Montreux conquis, malgré l’éternelle propension de l’irlandais bourru à ne jamais adresser la parole à son public (il aurait dit « bonsoir » sur scène pour la dernière fois en 1982, blague-t-on).

Moyenne d’âge du backing band divisée par trois et volume sonore multiplié par cinq pour l’entrée en scène de Charles Bradley et ses Extraordinaires. Une appellation plutôt usurpée pour une formation tout juste compétente peinant à sublimer la générosité confondante de son leader vocal. L’absence de Tom Brenneck, guitariste d’excellence et l’un des principaux architectes de la renaissance de la nouvelle vedette masculine de Daptone Records se fait cruellement sentir… La sono tonitruante souligne également les limites vocales d’un screamer plus à l’aise dans les fac-similés James Browniens que dans les nuances moirées des grands balladeurs soul. Possèdera-t-il également une chanson du niveau de « Crazy Love » dans son répertoire à sens unique ? Van Morrison 1, Charles Bradley 0.

Photos : Lionel Flusin