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File Under Zawinul, le temps retrouvé

Habités par l’esprit de ce génial brasseur de mondes nommé Joe Zawinul, Émile Parisien, Vincent Peirani et leurs merveilleux amis, alias File Under Zawinul, ont illuminé la Grande Halle de La Villette.

FILE UNDER ZAWINUL Photo

La mise en scène. Derrière, de gauche à droite, ceux qui ont joué avec le Maître entre les années 1980 et les années 2000, au temps de Weather Report ou du Zawinul Syndicate : Aziz Sahmaoui, sa voix aux échos immémoriaux, ses percussions papillonantes, son guembri ; Paco Séry, sa batterie en ébullition, son piano à pouce, sa tchatche, ses baskets clignotantes ; Linley Marthe, sa basse électrique, son assise de titan et ses grooves renversants ; Mino Cinelu, sa voix, sa présence, ses percussions sensuelles et savantes, son triangle de feu. Devant, de gauche à droite, les nouveaux messagers du temps retrouvé, aussi habités par l’esprit du Maître que leurs grands-frères : Jozef Dumoulin, son Fender Rhodes qui ne perd pas le(s) fil(s) d’un discours jamais convenu ; Vincent Peirani, son accordéon, la force tranquille, le conteur aux pieds nus ; Émile Parisien, son saxophone soprano, fontaine de lumière, et Manu Codjia, sa guitare électrique, modèle de précision et de musicalité. À eux huit, ils ont, tout simplement (mission périlleuse pourtant) fait revivre la musique de Joe Zawinul, avec ce qu’il faut de révérence et de justesse, mais sans nostalgie, bien au contraire – sauf quand, mais comme c’était émouvant, s’échappa des enceintes juste avant que le concert ne commence la sublime Introduction To A Mighty Theme (“My People”, 1996).

Certes, ce serait un rien hasardeux de dire « Joe Zawinul aurait adoré ça », et pourtant, on ne pouvait d’empêcher de l’imaginer, tout le concert durant, là, planant au-dessus des débats, regardant avec son air de patriarche amusé ses anciens compagnons de roots et ces young kids qui, décidément, ont su remettre en jeu ses grooves de grand voyageur et ses mélodies d’une inaltérable beauté. Ainsi, de Gibraltar à Madagascar en passant par Cannon Ball, Badia et Orient Express, la sono mondiale fut rebranchée sur le cerveau de cet immense créateur qui, en ce grand soir sous la Grande Halle, ne nous a pour une fois pas manqué. Car il bien était là. Merci messieurs. •