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Foley à Jazz à La Villette, l’émotion

Hier soir à Jazz à La Villette, entouré de pointures du jazz et du funk, l’ancien bass hero de Miles Davis a réussi à mélanger jazz, funk, blues et émotion. Concert imprévisible, musique attachante : un très beau moment.

FOLEY Photo

Il lui fallu quelques rounds d’observation à cet improbable all stars, mais dès l’instant où Foley, jeans et veste de survêt’ blanche à capuche, ne cacha plus son émotion d’être là, sur scène, à Paris, plus de vingt ans après son dernier concert dans la capitale, la musique décolla vraiment. Il faut dire que le bass hero en manque de médiator – d’aucuns, dans le public, le dépannèrent très vite… – ne manquait pas, en revanche, de musiciens qualifiés pour donner à son jazz-funk ce qu’il faut d’authencitité et d’épaisseur.
Parmi eux, on se réjouissait de retrouver un membre de la grande famille Snarky Puppy, le claviériste en tongues Bobby Sparks (mon voisin de gauche frissonnant d’aise dès qu’il faisait vibrer son orgue…), un “ex” de la galaxie Earth, Wind & Fire, Larry Dunn, qui n’a que très peu changé depuis les glorieuses années 1970 – si ce n’est un look plus sobre – et deux autres compagnons de route des années Miles, le bassiste Darryl Jones, heureux membre de… – raaah, comment s’appellent-ils déjà ? – et le saxophoniste alto Kenny Garrett, qui prit un malin plaisir à brièvement citer Jean-Pierre et Tutu, les deux tubes eigthies de celui qui avait naguère hérité du surnom du Prince of Darkness, Prince des Ténèbres dont l’ombre bienveillante planait au-dessus de la scène de la Grande Halle de La Villette.
D’un Prince l’autre, Foley rendit le plus beau des hommages au défunt Gémeaux (comme Miles). « We lost Prince don’t we ? », lâcha-t-il, l’air soudain abattu devant son clavier, avant de se mettre à chanter The Most Beautiful Girl In The World (pépite princière curieusement sous-estimée) en mode falestto brisé, avant de stopper net, passé le premier couplet, sans même prononcer les mots « girl in the world »
Dire, chanter l’impossibilité de d’incarner une chanson du compère disparu, parce que c’est trop tôt, parce que ça fait trop mal : une leçon d’humilité et, in fine, de musique.

Sinon, The Senate et la reprise de Struttin’ de Lenny White nous tournent encore dans la tête. Ne vous en déplaise, cher Foley, vous qui ne croyez plus aux supports physiques : après vous avoir enfin revu sur scène, on aimerait aussi vous réécouter sur disque. C’est quand vous voulez mais, si possible, pas dans vingt-cinq ans, o.k. ? •