Il est des matins où vous vous réveillez en apprenant la mort d’un musicien que vous aimiez depuis des lustres et, d’un coup, vous avez envie de réécouter tous ses disques à la fois, de dire au monde à quel point sa musique a compté pour vous. Pat Martino est mort hier. Il avait 77 ans.
Dire que c’est un géant de la guitare jazz qui s’en va est un euphémisme : demandez à George Benson ce qu’il pense de Pat Martino, vous verrez (« Willis Jackson had already hired a guitarist, a kid named Pat Martino. Pat, a Philly cat, was younger than me but played twice as much guitar. At that point, I started to get a little nervous : if Pat was representative of the level of musicianship in Manhattan, I was done », dit-il dans son autobiographie).
Dire que ses duos avec Gil Goldstein sont des chefs-d’œuvre est une évidence (il y a peu, qur Instagram et Facebook, ma Pépite du jour était Send In The Clowns, extrait de “We’ll Be Together Again”, Muse, 1976).
Dire et redire que “Joyous Lake” (Warner Bros. Records, 1976) est un classique du jazz en fusion, ça fait toujours plaisir (Bill Frisell est fou de ce disque).
Réécouter pour la huit-centième fois son solo sur Impressions de John Coltrane (“Consciousness”, Muse, 1974) n’est certainement pas celle de trop, et vivement la millième. (Et en plus, on réserve le même traitement obsessionnel à son solo sur Minority, dans “Strings !”, Prestige, 1967.)
Et Both Sides Now de Joni Mitchell, en duo avec Cassandra Wilson (“All Sides Now”, Blue Note, 1997), si vous saviez…
Voilà. Pat Martino n’est plus, et je sais que ses plus prestigieux confrères vont lui rendre hommage.
Ces quelques lignes sont le mien.
Je suis bien triste, mais ce phrasé époustouflant, ces doigts qui fusent comme des étoiles filantes, sont en nous pour toujours, n’est-ce pas ?
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