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The Revolution, le deuil impossible

Trente-trois ans après leur seul unique concert parisien, The Revolution était de retour à La Cigale. Prince, lui, est resté uptown, tout là haut.

C’est Wendy Melvoin qui l’a dit, lors d’un speech un rien nébuleux : avec Lisa Coleman, sa compagne d’amours musicales, Brown Mark, solide bassiste et chanteur tout à fait honnête, Dr. Fink, claviériste somme toute limité, Bobby Z, l’idole de mon voisin de gauche (allez savoir pourquoi), ils n’étaient pas là pour faire le deuil de feu leur révolutionnaire band leader qui, évidemment, nous a cruellement manqué hier soir – comment aurait-il pu en être autrement ?
Pas là, donc, The Revolution, pour nous faire oublier son insupportable absence mais bien pour réveiller, le temps d’un concert entre ami.e.s (tout le monde se connaissait dans cette salle) quelques vieux démons funky lovés dans nos mémoires blessées.
Mission accomplie ?

Pas complètement mais, à vrai dire, peu importe. Car contrairement à la sinistre mascarade pseudo-symphonique du 26 novembre dernier, nos cinq révolutionnaires orphelins ont réussi, sinon à nous faire chavirer de bonheur like it’s 1999, à nous transmettre un blues, pardon, un purples salutaire et contagieux.
On n’oubliera pas la perf’ de Wendy dans Purple Rain (et dans When Doves Cry), les petites leçons de tendresse harmonique de Lisa derrière ses claviers, ce DMSR presque comme au bon vieux temps, et cette neige d’avril qui… (Voir plus bas.)
Oui, la musique de Prince était géniale, et les vingt chansons de la set list en étaient la preuve toujours aussi définitive et éclatante. Non, personne, pas même The Revolution ou The NPG – et bientôt 3rd Eye pendant qu’on y est ? – ne pourra nous faire oublier que la clé de voûte de cet édifice sonore sans précédent, sans égal et sans suite n’est plus de ce monde, de notre monde, puzzle intimiste auquel il manquera toujours une pièce.

THE REVOLUTION Photo 1

Reste que hier soir, l’esprit était là, et l’amour partout.
Les grooves étaient un peu poussifs, comme ralentis par le poids des années ?
[Heu, quand Miles Davis avait 65 ans, pourquoi, à votre avis, s’entourait-il de jeunes musiciens pour jouer du funk ?]
La mise en place parfois approximative ?
[Dans The Revolution, il y a avait bien Wendy, formidable guitariste, Lisa, si subtile claviériste, et les autres.]
Les voix du seigneur décidément impénétrables, irremplaçables ?
[Brown Mark, on l’a dit, se débrouille bien, et Wendy reste étrangement en retrait, low key, et sinon c’était qui ce chanteur invité dont je n’ai pas compris le nom et que j’ai déjà oublié ?]

So what ?, comme dirait le trompettiste cité plus haut. Personne n’était là pour juger (un gentil fan venu de Suisse me l’a dit), tout le monde était venu pour communier, et rarement a-t-on senti un public aussi bienveillant.

Hier soir, chacun.e voulait s’offrir un petit bonheur simple : taper dans ses mains sur DMSR, claquer des doigts sur Delirious, chanter à tue-tête sur Mountains, headbanger sur Let’s Go Crazy, s’offrir The Revolution comme backing band pour karaokiser sur Purple Rain et, bien sûr, pleurer en écoutant Wendy et Lisa interpréter en duo Sometimes It Snows In April. Ce qui fut chose faite. •

Set list
America
Computer Blue
Moutains
Take Me With U
Uptown
DMSR
17 Days
Raspberry Beret
Erotic City
Let’s Work
1999
Sometimes It Snows In April
Let’s Go Crazy
Delirious
Controversy
Kiss
When Doves Cry
Purple Rain
I Would Die 4 U
Baby I’m A Star