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Muziq Interview

Eric Burdon : « J’ai vendu mon âme au rock’n’roll »

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L’une des plus grandes voix du rock se produira à Paris (L’Olympia) le 8 octobre. Pour Muziq, Eric Burdon se raconte en trois chansons cultes.

The Animals « House Of The Rising Sun » (The Animals, 1964)
Muziq : Cette reprise de « House Of The Rising Sun » vous a rendu célèbre. Le titre a été repris par de nombreux artistes, de Bob Dylan à Johnny Hallyday en passant par Nina Simone. De quelle version vous êtes-vous inspirés ?
Eric Burdon : Celle de Bob Dylan, bien sûr ! Dylan l’avait enregistré sur son premier album. En fait, il avait piqué l’arrangement à Dave Von Ronk, un musicien folk du Village, à New York. Le type avait prévu de l’enregistrer en studio, mais Dylan a été plus rapide que lui et il l’a coiffé au poteau… « House Of The Rising Sun » est le titre qui a rendu les Animals célèbre, c’est un fait. En 1962, on tournait en première partie de Chuck Berry. A l’époque, la mode consistait à reprendre les tubes du moment. Le titre marchait bien en concert, et, avec l’accord de notre manager Mickie Most, nous avons décidé de l’enregistrer sur notre premier album, en 1964. Cette chanson est tellement associée à ma carrière et m’a imprégné à un tel point que je suis « devenu » la chanson. Elle revient à chaque fois, comme une vague. En 2005, lors de la catastrophe de Katrina à La Nouvelle-Orléans, des tas de journalistes m’ont demandé si la prison avait été engloutie. Or, la prison de la Nouvelle-Orléans décrite dans la chanson n’existe pas, sauf dans votre esprit.

À quel moment situez-vous le sommet de la carrière des Animals ?
Ça va peut-être vous surprendre, mais pour moi, les Animals ont atteint leur sommet bien avant d’être signés sur un label et d’entrer en studio pour enregistrer des albums. Nous n’avons jamais été aussi bons que lorsque nous jouions dans notre garage de Newcastle. Les soirs de week-end, tous les jeunes du coin rappliquait pour venir nous voir jouer dans les clubs de la ville et des alentours. Plus tard, les erreurs de management ont eu raison de nous très rapidement. Nous n’étions pas satisfaits du répertoire que nous imposaient nos producteurs. Puis John Steel, notre batteur, est parti, et Alan Price a suivi. J’ai essayé de continuer le groupe en tant que leader avec Eric Burdon & The Animals, mais je n’étais pas fait pour être un frontman. J’en ai eu vite marre et j’ai tout balancé. Je suis parti faire la révolution à San Francisco.

War « Paint It Black » (Black Man’s Burdon, 1971)
A la fin des années 1960, je voulais travailler dans le cinéma, mais la musique m’a rattrapé. Je suis tombé sur une paire de producteurs qui pensaient pouvoir faire de l’or avec un groupe de musiciens noirs accompagnant un chanteur blanc. Malheureusement, les choses ont mal tourné. Je me souviens d’un concert à l’Olympia, en 1971, où tous les activistes marxo-communistes étaient venus en bataillon. Ils nous prenaient pour des révolutionnaires où je ne sais quoi. L’ambiance était détestable. L’autre problème, c’était que j’étais un chanteur de blues. Sur scène, on reprenait « Mother Earth », un morceau que Memphis Slim m’avait appris à Paris en 1964. Les membres de War détestaient le blues, car ça leur rappelait la musique qu’écoutaient leurs parents à l’époque de la ségrégation. Ils ne savaient pas qui j’étais, ils ne m’ont pas compris.

D’où venaient les délirantes improvisations vocales qu’on entendait sur les disques de War ?
De trois choses : le LSD, la marijuana et le jazz. J’ai enregistré avec Jimmy Witherspoon, un géant du jazz britannique. Il m’a appris à ne pas jouer deux fois une chanson de la même manière.

Eric Burdon « Forty Days And Forty Nights » (Soul Of A Man, 2006)
Au cours de votre carrière, vous avez joué du rock, de la pop, de la soul, du jazz et du funk, mais tout semble revenir vers le blues.
J’ai vendu mon âme au rock’n’roll, mais le blues m’a permis de la racheter ! Une grande partie des titres emblématiques du blues ont été écrits dans les années 1930. Les textes de Howlin’Wolf sur « 44 Blues » et de Mississippi McDowell sur « Red Cross Store », qui traitaient de la violence sociale sont encore d‘actualité aujourd’hui. J’ai parfois le sentiment que les mentalités n’ont pas évolué depuis le 20ème siècle…

Eric Burdon en concert à Paris (L’Olympia) le mardi 8 octobre. Billets en vente sur tous les réseaux.