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Bernard Estardy, l’ingénieux du son

B et F Hardy WEB 72 dpi ©CBE

Dans la biographie Bernard Estardy Le Géant, itinéraire d’une génie du son, sa fille Julie retrace par la bande (analogique) le parcours d’un fou du son.

« Certains producteurs écrivent les chansons, posent leur voix avant celles de l’artiste et leur donnent ensuite toutes les consignes », expliquait dernièrement Don Was à Muziq. « Ce sont eux les artistes, et c’est une forme de production. Celle des producteurs-artistes. Phil Spector travaillait comme ça. D’autres dont je tairai les noms ont la réputation de passer leur temps au téléphone, ou encore de se pointer au studio en disant : « ce pont est nul, écrivez autre chose rapidement, moi je vais jouer au golf. Bye ! »« .
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Ingénieux du son de plus de 15 000 chansons depuis la cabine boisée du studio CBE, l’Abbey Road de la rue Championnet, Bernard Estardy appartenait, à quelques nuances près, à la première catégorie. Celui qu’on surnommait Le Géant a été l’artisan de l’ombre d’un catalogue reliant les plus grands hits de la variété giscardo-mitterrandienne (Claude François, Dalida, Gérard Lenorman, Carlos, Herbert Léonard…) aux expérimentations les plus baroques de Gérard Manset, William Sheller et du tempétueux Nino Ferrer, sans oublier une poignée de productions en solo (La Formule du Baron, objet de culte millésimé 1969) et quelques impérissables arrangements publicitaires — « choisissez bien, choisissez But ! », c’était lui.

Dans Bernard Estardy Le Géant, itinéraire d’une génie du son, sa fille Julie retrace par la bande (analogique) le parcours d’un fou du son, avec pour points d’entrée les débuts à l’orgue dans les Gottamou de Nino Ferrer et la construction au tournevis et au fer à souder de la mythique console du studio CBE, qui allait bientôt canaliser les voix de Paul Simon, Lee Hazlewood, Joan Baez et attirer la curiosité d’un certain George Martin. Une attachante autobiographie à la troisième personne où les souvenirs de séances épiques sont rehaussés dans le mix par une délicate tranche d’introspection. Bernard Estardy est disparu en 2006 à l’âge de 66 ans, mais les murs du studio CBE résonnent encore des pas du Géant de la Porte de Clignancourt.

Bernard Estardy Le Géant, itinéraire d’une génie du son de Julie Estardy (Gonzaï Media). 400 pages, 18 €. Disponible.