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Classiq Soul-Funk

Level 42, la boîte des cartons

LEVEL 42 Pochette

Le label anglais Robinsongs vient de publier le second volume de “The Complete Polydor Years” du vénérable combo brit funk emmené depuis ses débuts par le fantastique bassiste et chanteur Mark King. Au menu, les années des succès planétaires, 1985-1989.

[Flashback sur l’article précédent paru sur votre site préféré.] Ce devait être, si ma mémoire est bonne, fin 1982 dans L’Écho des Bananes, émission rock de FR3 – ne riez pas, ça existait, et c’est hélas inimaginable aujourd’hui – présentée par Vincent Lamy, et dont les sommaires oscillaient entre Williams Sheller, John McLaughlin, Étienne Daho, Van Halen, The Clash, Michel Jonasz et Genesis – allez vous étonner, après, que les goûts musicaux de ma génération soit des plus éclectiques : big up le service public. Fin 1982, donc, l’ami Lamy avait lancé un sujet sur un groupe nommé Level 42, et le lendemain, à la cantine du bahut, votre Doc et son crew de real music lovers n’avait que ce nom-là à la bouche : « Doc, t’as vu hier ce groupe à la télé, Lévaile Quarante Deux, ils ont un bassiste génial, Mark King je crois… – Oui, j’ai trop kiffé. » (NB : Je ne pas certain qu’on disait déjà « J’ai trop kiffé » en 1982, mais j’avais dû répondre quelque chose d’équivalent, genre « c’était super » ; en revanche, je me souviens parfaitement qu’on ne disait pas encore le nom du groupe comme il faut, c’est à dire « Laiveul Fourtitou ».) Ainsi, la prestation du groupe de Mark King, du claviériste-chanteur Mike Lindup et des frères Gould, Phil (batterie) et Boon (guitare), nous avait grave bluffés. Leur mélange savamment dosé de funk et de pop, leur look pas si éloigné du nôtre (t-shirt, jeans, coupes de douille sans chichi) et, of course, la voix à la coule et le jeu dévastateur de Mark King, l’homme au pouce d’acier – depuis Larry Graham et Stanley Clarke, on n’avait jamais entendu un bassiste slapper avec une telle gourmandise – avaient instantanément rallié tous nos suffrages.

LEVEL 42 Photo 1

[Avance rapide jusque 1985, pour les années 1980-1984, retournez vous-en lire mon article précédent si d’aventure vous ne le connaissez pas par cœur.] “The Complete Polydor Years 1985-1989”, le second coffret dédié à nos champions de la Brit Funk Pop couvre donc la période qui va de “A Physical Presence” à “Staring At The Sun”, globalement moins culte, sans doute, mais paradoxalement marquée par le succès phénoménal de l’opus qui fit grincer des dents les fans de la première heure, “Running In The Family”, qui se sentirent comme dépossédés de “leur” Level 42, celui des concerts au Casino de Paris entre real connoisseurs, celui d’avant la gloire planétaire et les tournées en première partie de Tina Turner.
Hormis “Running In The Family” (perso, votre Doc adore le tube éponyme, Lessons In Love et surtout Children Say), notre joli petit pavé contenant pas moins de dix CD (dont trois truffés de remixes, b-sides et autres live) renferme tout de même deux albums essentiels : le fantastique double live “A Physical Presence”, qui concluait en quelque sorte la première époque du groupe, et l’épatant “World Machine”, qui trouvait parfaitement son équilibre entre funk et pop, tube annonciateur du futur doré (Somethinh About You), friandise dansante sur délicieux canapé de slap (I Sleep On My Heart) et même gouleyant proto techno-funk (la chanson titre). Et pourquoi pas (re)découvrir, ne serait-ce que par curiosité, le not too bad (after all) “Staring At The Sun” (Heaven In My Hands et Tracie, ça s’écoute), hélas marqué par l’absence des frères Gould – Boon le tranquille était parti le premier, Phil l’énervé avait claqué la porte dans la foulée. Par la suite, Level 42 commença de disparaître peu à peu des radars, livrant malgré tout un dernier album plus qu’honorable, “Guaranteed”, avec une apparition surprise d’un proche de leur nouveau batteur Gary Husband : le génial Allan Holdsworth.
PS : Au fait, connaissez-vous “Influences” (1984), l’album solo de Mark King, ainsi que celui de Mike Lindup, “Changes” (1990) ? Dans le premier, King le One Man Band jouait de tous les instruments (guitare, claviers, basse, batterie…), et s’autorisait une longue jam instrumentale jazz-funk de 18 minutes (!) en première face, ainsi qu’une reprise de I Feel Free de Cream (c’était le bon temps). Dans le second, Lindup était accompagné par Dominic Miller, Pino Palladino et Manu Katché.

COFFRET Level 42 : “The Complete Polydor Years 1985-1989” (Robinsongs / Polydor, déjà dans les bacs, et en vente pour une cinquantaine d’euros au rayon soul-funk de Gibert Joseph, Paris, VIe, ami de muziq.fr).