Double album live mythique enregistré en 1975 au Japon, “Gleam” de Freddie Hubbard est enfin réédité par BGO Records.
Plus les années passent et plus on aime Freddie Hubbard. Plus les années passent, et moins on aime les demi-sourds qui l’écoutent de travers, parce que mon bon monsieur, faire du hard-bop avec les Jazz Messengers d’Art Blakey et du free jazz avec John Coltrane (“Ascension”) ou Ornette Coleman (“Free Jazz”, le bien nommé) tout en contribuant à des chefs-d’œuvre d’Oliver Nelson (“The Blues And The Abstract Truth”) sans s’interdire de vendre – cher j’espère – un solo en or massif à Billy Joel (celui de Zanzibar dans “52nd Street”t) et d’enregistrer pour CTI (“Red Clay”, “Straight Life”, First Light”, la trilogie culte), non, décidément, ça ne ne fait pas. C’est louche.
Pourtant, demandez aux vrais musiciens de jazz, tous vous diront la même chose, un truc comme « Freddie Hubbard ? C’est monstrueux, l’un des plus grands ». Et on ne parle pas seulement des trompettistes.
Plus les années passent, donc, et plus on aime les rééditions BGO Records, qui nous permettent de (re)découvrir des albums trop souvent mésestimés. BGO Records ne réédite pas les chefs-d’œuvre que tout le monde connait ou croit connaître, ni des pseudo trésors oubliés de vrai-faux spiritual jazz enregistrés par des troisièmes couteaux enturbannés. BGO Records fait tout son possible – et toujours de son mieux – pour continuer de rendre disponible en disque “physique” des albums dont les major companies ne veulent plus entendre parler. Vive BGO Records, qui remasterise vraiment ses rééditions, ignore superbement la crise du CD et confie aux meilleurs spécialistes – big up à Charles Waring – la rédaction de ses liner notes. Pas de poésie à la petite semaine dans les livrets BGO Records, que du sérieux, du documenté et de l’informatif.
Mais revenons à Freddie Hubbard. Bonne nouvelle, excellente nouvelle, grande nouvelle : six ans après la déjà salutaire (mais minimaliste) réédition Wounded Bird Records, “Gleam” bénéficie des traitement de faveurs soniques et éditoriaux de BGO Records. Vu les prix du double vinyle original made in Japan, c’est le moment ou jamais de (re)découvrir ce formidable double live enregistré le 17 mars 1975 au Yubin Chokin Hall de Tokyo. Le virtuose d’Indianapolis était entouré de Carl Randall, Jr. au saxophone et à la flûte, George Cables au piano électrique, Henry Franklin à la basse électrique (au passage, on vous conseille son “The Skipper”, Black Jazz, 1972), Carl Burnett à la batterie et Buck Clarke aux percussions.
Au programme, le groovyssime Put It In The Pocket cosigné Hubbard / Randall, le tout en retenue (et subtilement planant) Ebony Moonbeams de George Cables (solo mirifique d’Hubbard en prime), la reprise émouvante de Betcha By Golly, Wow des Stylistics (en duo avec Cables), le vertigineux Spirits Of Trane, l’épique Kuntu (plus de vingt minutes !), auréolé d’un solo, que dis-je, un trip hallucinant d’Hubbard, le chantant-dansant Midnight At The Oasis et, last but not least, une version mémorable de Too High de Stevie Wonder (selon le steviewonderophile Joachim Bertrand, le super héros Motown adorait).
Bref, voici la réédition essentielle d’un authentique album culte. Soutenez les derniers artisans du disque, les aide-mémoire et les gardiens du temple du jazz moderne : achetez ce disque, rendez-vous sur le site de BGO Records, maintenant ! •
CD “Gleam” (BGO Records)