Il était plus qu’indispensable que la reformation historique de Santana millésime 1971 s’accompagne de captations live. Voilà qui est fait avec ce double cd live et son DVD célébrant comme il se doit les retrouvailles de la formation légendaire de 1971.
“Santana IV”, l’album, nous avait séduit malgré ses quelques longueurs, mais c’est sur scène que l’on avait vraiment envie de retrouver le son et l’image. Nous avons donc directement commencé par le visionnage du DVD qui couvre l’intégralité des deux cds audio. Santana sur scène, c’est évidemment le souvenir de Woodstock et le choc de cette nouvelle et explosive mixture latino-rock. C’est ce mur de percussions mené par Michael Shrieve, batteur prodige de 17 ans. C’est l’orgue Hammond en fusion de Gregg Rolie et bien sûr l’incroyable jeu tout en lyrisme suraigu d’un nouveau héros de la six-cordes, dont le combo porte le nom.
Quarante ans plus tard, rien n’a vraiment changé, même si le poids des ans leste avec plus ou moins de bonheur la fougue des uns et des autres. Mais qu’est-ce qui pousse ces dinosaures du rock à “remettre ça” ?
Avec “Santana IV Live At The House Of Blues, Las Vegas”, on est vite fixé sur la forme et la sincérité éclatante de l’ami Carlos, qui attaque le show tambours battants avec les mythiques Soul Sacrifice et Jingo, issu de leur premier album éponyme. Le trio percussif Shrieve/Carabello/Perazzo et la basse du presque nouveau venu Benny Rietveld assurent un soutien rythmique d’ores et déjà rodé. Mais où est Neal Schon ? Il n’entre dans la danse que trois morceaux plus tard, respectant ainsi l’ordre chronologique de son arrivée dans le groupe. Le show n’oublie heureusement pas les géniales compos du “III”. Tant mieux : c’est celles-là qu’on voulait ! Bakuda, No One Depend On, leur percussions volcaniques, la voix et les giclées d’orgue de Gregg Rolie, qui stimule malin les joutes enflammées de nos deux guitar heroes particulièrement enjoués, retrouvant cette complicité qui n’a visiblement jamais cesser de les habiter.
Aucun doute : Carlos et Neal nous la jouent avec toujours autant de ferveur, mais c’est Santana qui reste le boss, Schon gardant comme jadis le rôle du jeune trublion bousculant et motivant le maître. Comme pour l’album studio, Ronald Isley vient, pourquoi pas, apporter une note plus soul et spirituelle en fin de concert.
Finalement, de tout cela, on pourrait sourire… Sourire d’un Gregg Rolie, extraordinaire par son attitude si calme et si figée : est-il réellement là ? D’un Carlos magnifique par ses gimmicks de jeune guitariste en mode feu sacré… D’un Neal Schon particulièrement réjoui et hilare derrière ses lunettes noires… Peu importe, et, sans nuire à la légende, puisque ces types là y sont entrés depuis bien longtemps, on peut simplement apprécier ce concert pour ce qu’il est : un réel moment de plaisir que l’on partage avec eux. Spécial bonus : un quart d’heure sympathique et instructif d’interviews où chacun se remémore son arrivée au sein du groupe. •
CD/DVD “Santana IV Live At The House Of Blues, Las Vegas” (2CD ou 3LP/DVD. Eagle Vision / Universal).
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