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David Bowie et le coffret Loving The Alien : si on dansait ?

BOWIE COFFRET Let’s Dance

Avec “Loving The Alien [1983-1988]”, la discographie du chanteur caméléon continue de se faire coffret, et cette fois l’on s’attarde notamment sur le triomphal “Let’s Dance”.

Après “[Five Years 1969-1973]”, “Who Can I Be Now ? [1974-1976]” et “A New Career In A New Town [1977-1982]”, le nouveau box set bowiesque, “Loving The Alien [1983-1988]” de David Bowie nous invite à rechausser nos red shoes et à danser le blues. Car c’est bien sûr autour du méga-populaire “Let’s Dance” de 1983 que gravitent les autres albums de cette période, qui ne figurent pas vraiment parmi les plus populaires de David Bowie, même si “Tonight” (1984) mérite vraiment d’être reconsidéré, et que la nouvelle version de “Never Let Me Down” est un petit événement en soi.
A ces trois opus studio s’ajoutent dans notre box set du jour deux doubles live, “Serious Moonlight [Live ’83]” (jusqu’alors seulement disponible en DVD) et “Glass Spider (Live Montreal ’87)” (lové à l’origine dans le DVD “Glass Spider” paru en 2007), la compilation “Dance” (riche en remixes rares) et la désormais rituelle série “Re:call”, logiquement numérotée “4”.

BOWIE COFFRET Dance

Ce qui fait le charme fort peu résistible des box sets bowiesques, outre la musique, c’est le travail éditorial – vous savez, ce truc totalement absent des plateformes de streaming… Et c’est donc là (sans même parler de la qualité d’impression des pochettes façon paper sleeves made in Japan) qu’il faut louer la qualité de chaque livret, riches en iconographie (photos rares, pochettes, memorabilia…), reproductions d’articles d’époque (félicitations à Charles Shaar Murray) et témoignages de première main : on vous recommande de lire attentivement Nile Rodgers on producing Let’s Dance« Bowie et Rodgers en boîte de nuit en train de parler du dernier Cecil Taylor ?! C’est possible ça ?! » Hé oui…

BOWIE COFFRET China Girl

Curieusement, voire parfois même très bêtement accueilli par la Police du Rock en 1983, “Let”s Dance” s’impose aujourd’hui comme le classique inoxydable d’un créateur aux milles visages qui avait tout simplement envie de s’amuser et, accessoirement, de conquérir la planète en la faisant danser léger. Dans son témoignage, Nile Rodgers raconte avec moult détails et certaine émotion la génèse somme toute rapide de cet album irrésisitible qui mettait si bien en valeur une new rising star de la guitare nommée Stevie Ray Vaughan.
Grâce aux doigts de fée de Rodgers, le Chic sound fut comme détourné-réinventé, relocalisé dans la sphère pop. Trente-cinq ans après, écouter avec un casque vissé sur les oreilles Let’s Dance, Modern Love, Criminal World (dont on vous conseille au passage la VO de l’éphémère groupe Metro de Duncan Browne) fait miroiter toutes les nuances funky de ces friandises sonores portées par des musiciens dont les talents étaient parfaitement cadrés (Omar Hakim, Tony Thompson, Bernard Edwards et Rodgers lui-même bien sûr, monstrueux à la guitare rythmique).

BOWIE COFFRET Tonight

Si “Tonight” fut en son temps un follow up forcément moins remarqué que “Let”s Dance”, son côté low key en fait aujourd’hui un album, sinon fondamental, du moins fort intéressant. On était certes en droit en 1984 de faire la fine bouche, mais qui, en 2018, est capable de nous offrir des chansons hors norme comme Loving The Alien ou Neighborhood Threat, ou de composer des pépites R&B comme Blue Jean ? (Silence dans la salle.) Et là encore, casting musiciens de première classe (big up à Omar Hakim, qui a rarement aussi bien joué sur disque).

BOWIE COFFRET Ouverture I

Et puis il y a la nouvelle version de l’album maudit, “Never Let Me Down”. Remixé ? Mieux : rejoué, revigoré, repensé, resongé par le producteur Mario J. McNulty avec quelques musiciens de la sphère bowiesque triés sur le volet : les guitaristes Reeves Gabrels et David Torn, le bassiste Tim Lefebvre et le batteur Sterling Campbell, entre autres. Sans oublier la very special guest Laurie Anderson, qui spoken wordise sur Shining Star (Makin’ My Love), dont on adore aussi la version 12” Mix dans la compilation “Dance”. Bref, on va enfin adorer “Never Let Me Down” : pas trop tôt ! (Oubliez donc la VO et ses tics de prod’ eighties que Bowie n’avait pas réussi à vampiriser à son avantage.)

BOWIE COFFRET Dancing In The Street

Enfin, les complétistes affamé.e.s éplucheront avec délectation la double compile “Re:call 4” pour y (re)trouver leurs émois de record digger passés à arpenter les conventions du disque pour dénicher tel maxi 45-tours rare contenant un remix excitant ou une face b inédite. Cela dit, vous n’êtes pas non plus obligé de réécouter Dancing In The Street en entier : la vidéo est beaucoup plus drôle – Hey David, hey Mick, let’s dance !

Coffret “Loving The Alien [1983-1988]” (Parlophone / Warner Music, dans les bacs le 12/10)