Gainsbourg au 5bis, etc.

Publié par l’ina, le documentaire de Roger Sciandra “Serge Gainsbourg : À bout portant” nous fait pénétrer dans l’initimité de l’artiste pas rasé, mais certainement pas par hasard. Indis(sur dix)pensable.

On pense souvent en avoir vu assez sur Serge Gainsbourg, tant le personnage est, chaque jour un peu plus depuis celui de sa mort, analysé, réécouté, célébré, regretté, déconsidéré, reconsidéré, honoré… Mais oublié, donc, jamais. (Tant mieux.) Ainsi l’on s’est dit, de prime abord : « Mais que va m’apprendre ce documentaire ? » On parle ici de celui de Roger Sciandra, auquel Gainsbourg avait, fait rare, ouvert en grand les portes blanches de sa maison aux murs noirs – « La salle de bain ? J’y rentre jamais ! » –, celle bientôt muséifiée du 5bis rue de Verneuil.
Au micro, le journaliste Michel Lancelot (Campus sur Europe 1, ça parle aux plus anciens). Première diffusion ? Septembre 1973 à la télévision française. Tourné quatre mois plus tôt, comme le rappelle à un autre micro (celui d’Ersin Leibowitch), dans les bonus, l’expert-commissaire de la future Maison Gainsbourg, Sébastien Merlet, coauteur du livre définitif (affirmatif), le Gainsbook.

Et Gainsbourg, grâce aux questions à la fois piquantes et bienveillantes de Lancelot, de s’ouvrir en souriant, assez souvent, timide et goguenard, si sûr et si peu sûr de lui, finalement.
Et l’on voit le décor, cette maison-monde, son intérieur, en tous sens.
Et l’on voit la jolie Jane B., sourire radieux, humour briton (« Jane, il quoi ce tableau, indien ? – Non, il est cher »).
Et l’on voit Gainsbourg jouer Bach, ou poser-chanter en playback.« La chanson, dit-il, c’est pas de la poésie, sinon on n’aurait pas besoin d’un soutien musical. » Ou encore, quand Lancelot lui demande à quoi ressemblerait son livre sur la chanson française s’il devait en écrire un : « À un cahier d’écolier, parce que ça situerait la chanson à son niveau exact. » À la chanson, cet art mineur selon lui, Gainsbourg tendrait-il son majeur ? Non, c’était juste un doigt de malice.
Brrr, qu’elle fait peur cette énorme tarantule sous verre ! Sera-t-elle encore là quand le 5bis rouvrira ? On espère bien.

DVD “Serge Gainsbourg : À bout portant / Serge Gainsbourg, 5bis rue de verneuil” (ina, PAL, 2h, Version originale française, sous-titres : anglais). Bonus : entretien avec Sébastien Merlet, visite du chantier de la maison en 1969, Serge et Jane chez eux (1972), une journée avec Serge Gainsbourg (1979). Livret avec photos et extraits d’entretiens avec Jacques Chancel (France Inter, 1969) et Émile Noël (France Culture, 1970).

Photos : extraites du DVD.