Bruce Springsteen, les Black Keys, John Mayer, Gary Clark, Jr., Mick Taylor et Lady Gaga s’invitent dans Grrr Live!, le concert-événement du 50ème anniversaire des Rolling Stones capturé en 2012.
Le soir du jeudi 12 juillet 1962, deux groupes se partagent l’affiche du Marquee, l’un des clubs de jazz les plus populaires de Londres : The Kansas City Blue Boys du respecté Long John Baldry et The Rolling Stones, qui donnent le tout premier concert de leur carrière. Cinquante ans et quelques mois plus tard, Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et le transfuge Ronnie Wood traversent l’Atlantique pour participer à une poignée de shows célébrant leur demi-siècle d’activité.
Le nouveau combo audio/vidéo Grrr Live! propose une mise à jour de l’ultime concert américain du 50 & Counting Tour, capté le 15 décembre 2012 au Prudential Center de Newark, dans le New Jersey. Proposé en HD et bénéficiant d’un nouveau montage et de trois titres filmés en bonus, ce -long- concert a été initialement diffusé en direct sur le câble US. Comme à l’accoutumée, cette retransmission en pay-per-view est l’occasion pour le groupe d’accueillir un aréopage d’invités mêlant vieux camarades et figures du zeitgeist pop. Quelques semaines plus tôt, Londres avait eu droit à Jeff Beck, Eric Clapton, Mary J. Blige et Florence Welch, venue sans sa Machine. Bill Wyman, en pré-retraite stonienne depuis 1991, avait aussi troqué son détecteur de métaux (sa dernière passion) contre sa basse lors d’une apparition furtive à l’O2, tandis que Mick Taylor, back-up de luxe sur cette nouvelle tournée, retrouvait temporairement sa place de soliste quarante ans après avoir déclaré forfait, le temps d’un épique « Midnight Rambler » et d’un discret accompagnement acoustique sur le « Satisfaction » final.
Publiée quelques jours avant l’ultime concert du Prudential Center de Newark prévu le 15 décembre, l’annonce de la présence de Bruce Springsteen, The Black Keys, John Mayer, Gary Clark, Jr. et de Lady Gaga avait beaucoup surpris. Quels types de propositions allaient bien pouvoir apporter un enfant du pays, un duo garage, une paire de néo-bluesmen et une star de la pop plastique à l’increvable machine de guerre stonienne ?
Les arpèges métalliques de « Gimme Shelter », la cerise acide du gâteau empoisonné de Let it Bleed (1969) servent de promontoire à la première invitée du soir. Lady Gaga et sa combinaison moulante zébrée surgissent des coulisses et s’octroient le second couplet. Juchée sur des talons défiant la gravité, Gaga manque d’éborgner Mick Jagger d’un coup de faux-ongle XXL. « It’s just a kiss away » : Au terme d’une version étendue sur plus de huit minutes, Mick Jagger et Lady Gaga s’engagent dans une étrange danse de mort, ponctuée dans l’ombre par les chœurs de Lisa Fischer et Bernard Fowler.
Avance rapide : l’arrivée sur scène de John Mayer et Gary Clark, Jr. donne lieu à un vigoureux dépoussiérage d’« I’m Going Down », le standard blues popularisé, entre autres, par Freddie King. Cool mais déterminé, John Mayer délivre le chorus de la soirée, relayé avec panache par Ronnie Wood puis par un Gary Clark, Jr. un brin falot. Mick Jagger se faufile au centre du carré de guitares, puis s‘écarte pour laisser place à Keith Richards. Rusé, le gardien du temple refuse de céder à la tentation pyrotechnique en distillant une malicieuse série de bends experts. l’honneur est sauf !
« On va jouer un morceau de Bo Diddley. Je crois qu’on ne l’a jamais joué en public », annonce quelques chevaux de guerre plus loin Mick Jagger (qui oublie au passage la tournée Voodoo Lounge), en introduction d’un « Who Do You Love » accompagné par les Black Keys. Les flèches fuzz de Dan Auerbach et les batteries dédoublées de Charlie Watts et Patrick Carney électrocutent le shuffle du vieux Bo, avant l’entrée en jeu de Mick Taylor pour « Midnight Rambler », puis celle de l’ultime guest de la soirée.
« Certains de nos invités sont venus de Moscou, Los Angeles, Saskatoon ou de je ne sais où. Notre prochain invité est venu à pieds », s’amuse Jagger en introduisant Bruce Springsteen, en renfort pour une version soulful de « Tumbling Dice ». Voix de gorge et attitude de preacher, Brooouce adopte la gestuelle d’Otis Redding et ne cache pas son immense plaisir de partager les planches avec les idoles de son adolescence.
Gaga, Mayer, Clark, Jr., Black Keys, Taylor, Springsteen… Un casting de série A, même si les special guests les plus poignants du Prudential Center n’étaient pas annoncés sur l’affiche : dans la pénombre de l’arène, les membres de la chorale de Trinity Wall Street s’installent en silence des deux côtés de la scène lors du premier rappel. Le temps d’une recréation céleste de « You Can’t Always Get What You Want », la musique des anges épouse celle du diable.
The Rolling Stones Grrr Live! (Mercury/Universal Music). Disponible le 10 février en double-CD/Blu-ray, triple-vinyle, DVD et version digitale.
Tracklisting :
Bonus DVD/Blu-Ray :
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