Mon cher Prince,
Autant te le dire tout de suite : je t’en veux beaucoup. Et je n’ai même pas peur d’ajouter : je t’en veux à mort.
Je ne te l’avais jamais dit, par pudeur, mais tout ça, ma vie, mon petit parcours professionnel, mes amis, l’amour de ma vie, ma beautiful one (« Do you want me ? ’Cause I want U ! »), c’est un peu, beaucoup, pasionnément à cause de toi. À travers toi. Grâce à toi. Je l’ai senti quelques minutes à peine après l’annonce de ta mort, quelque chose s’est cassé en moi. Je ne t’ai jamais parlé – enfin si, une fois, à la Fnac, en 1988, mais tu ne peux évidemment pas t’en souvenir –, je ne t’ai jamais serré la main, mais j’ai si souvent écouté tes disques, si souvent eu envie de crier de bonheur et de pleurer de joie à tes concerts, que j’ai l’impression d’avoir perdu un proche. Ben oui.
Certes, nous avons tes disques, tes vidéos, des souvenirs, des Bataclan, des Bercy et des New Morning en pagaille, mais savoir désormais que derrière tout ça il n’y a plus personne, il n’y a plus Prince, il n’y a plus rien, cela me semble inconcevable, intolérable, inadmissible.
Avec celle de Bowie, ta mort scelle définitivement la fin d’une époque, celle où des artistes hors-normes pouvaient contre vents et marées se frayer un chemin qui, pour nous les mortels, ressemblait au plus sompteux stairway to heaven de la création.
Voilà. Il est 2 heures du matin, Prince, après deux heures sur Europe 1 et presque autant sur BFM TV à dire tout l’amour que j’ai pour ta musique, je reviens du Réservoir, où j’ai croisé quelques amis et dansé avec celle qui t’en veut autant que moi ; où j’avais dédicacé, il y a six ans, le petit dictionnaire coécrit avec mon pote Christophe (c’était la fête, une fête en ton honneur organisé par la bande à Raphy, un merveilleux moment).
Il est 2 heures du matin, Prince, et je n’ai pas sommeil. Toi, tu n’avais jamais sommeil, dit-on. Tu dormais très peu. Trop peu sans doute. Te voilà figé dans le repos éternel.
Mais nous, qu’est-ce qu’on va devenir sans toi ?
With love, 4 ever
Frédéric, né le 2 juin, comme toi, ou presque
PS : Pour une fois, j’ai fait court, mais crois-moi, je n’ai pas dit mon dernier mot.
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