Muziq, le site qui aime les mêmes musiques que vous
Nouveautés

Steve Vai, le grand retour

VAI Pochette

L’ancien sideman de Frank Zappa, Alcatrazz, Public Image Limited, David Lee Roth et Whitesnake revient avec le 100 % instrumental “Inviolate”. Sans doute son album le plus excitant depuis des lustres. Julien Ferté vous dit pourquoi.

Steve Vai, on le suit depuis plus de… quarante ans ! Vous avez deviné : dès le début des années 1980, on s’était juré de ne manquer aucune des cascades guitaristiques dont il s’était fait la spécialité auprès de son premier employeur, Frank Zappa – sur les pochettes des disques du Maître, Steve Vai était crédité à la stunt guitar (sortez vos Harraps), toujours prompt, malgré son jeune âge, à jouer ces impossible guitar parts écrites sur les black pages (les partitions truffées de notes en folie). Dès lors, suivre ses prégrinations était devenu comme un sacerdoce. Son tout premier 33-tours, solo, le zappaïen “Flex-Able”, en 1984 ? Dans la musette ! “Disturbing The Peace” avec Alcatrazz en 1985, où il succédait, rien que ça, au Ritchie Paganini de la Strat’, Yngwie Malmsteen ? Par cœur ! Le disque éponyme de Pubic Image Limited produit par Bill Laswell ? Une bombe ! Les deux David Lee Roth ? Idem ! Whitesnake ? A votre avis ? Et puis bien sûr, en 1990, son “Blow By Blow” à lui, son classic album, son magnum opus, et pour tout dire son chef-d’œuvre, “Passion And Warfare”, qui sera suivi par d’autres pépites : “Sex & Religion”, “Alien Love Secrets”, “The Ultra Zone”, “Modern Primitive”

Le nouveau joujou extra de Steve Vai : sa guitare Hydra [détail].

Le nouveau joujou extra de Steve Vai : sa guitare Hydra [détail].

Puis il faut bien l’avouer, parfois, on a un peu décroché (chuuut, ne lui répétez pas). Sans rien renier bien sûr, pas le genre de la maison. Mais voilà que notre flamboyant sexagénaire revient avec “Inviolate” sous le bras. Comme tout le monde – enfin, comme tous les vrais musiciens –, on imagine que les confinements sucessifs l’ont poussé à travailler nuit et jour, à jouer encore plus de guitare et à composer. Cela s’entend, car ce nouveau disque 100 % instrumental est à notre humble avis son meilleur depuis l’époque où nous le suivions à la trace.
Saluons tout d’abord la qualité des compositions, complexes et accessibles à la fois, « in your face » comme ils disent, parfaites pour être avantageusement développées en concert. Les solos ? Malgré la prolifération de copycats toujours plus jeunes qui rejouent note pour note ses morceaux vingt-quatre heures après leur mise en ligne en se filmant dans leur chambre* – comme disait son confrère Steve Lukather dans son autobiographie, on découvrira un beau (?) jour sur YouTube « un fœtus qui jour comme Stevie Ray Vaughan » –, Steve Vai restera toujours Steve Vai : personne ne jouait comme lui avant lui, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde – et sans vouloir être pessimiste, il y a fort à parier qu’à une ou deux exceptions près, aucun des virtuoses-minute évoqués plus haut ne sortiront de leur chambre, composeront des standards rock, joueront avec des groupes célèbres ou, accessoirement, un génie moustachu.
Cette magnificence guitaristique éclate à nouveau au grand jour dans “Inviolate”, qui ne souffre d’aucune longueur et nous plonge dans un maelstrom de notes savamment dosées et pensées.

Hail Hydra ! (Ok, on sort.)

Hail Hydra ! (Ok, on sort.)

Au gré des neuf morceaux – quarante-six minutes en tout, durée parfaite, rien à jeter –, Steve Vai s’exprime soit seul en laissant courir ses doigts toujours aussi agiles sur son manche, tout en programmant des machines (comme dans son petit concerto pour sa main gauche, Knappsack, où sa main droite reste dans sa poche !), soit en compagnie de batteurs et de bassistes sélectionnés avec soin pour “coller” à l’ambiance de chacun d’entre eux.
Très bonne surprise n° 1 : dans Apollo In Color et Sandman Cloud Mist, on se réjouit de retrouver un autre “ex” de Frank Zappa, le toujours époustouflant Vinnie Colaiuta à la batterie (Steve Vai et lui ont effectué une tournée nord-américaine ensemble avec le Maître à l’automne 1980, et se sont croisés sur “Tinselton Rebellion” et « The Man From Utopia”). Il va sans dire que la présence de Colaiuta – signalons aussi celle de David Rosenthal, entendu avec Rainbow, Whitesnake et Billy Joel – galvanise Vai. La preuve avec son faramineux solo dans Sandman Cloud Mist, grand moment d’émotion (et de virtuosité hors norme évidemment).
Très bonne surprise n° 2 : mesdames et messieurs, please welcome Terry Bozzio on drums ! Sur un seul titre, Candlepower, mais quel titre ! Trois minutes et trenre secondes de pur bonheur où l’on retrouve l’esprit du Vai des années follement inventives (hmm, disons, entre 1984 et 1995, mais j’imagine que d’autres placeront le surseur temporel ailleurs : chacun son Vai !). Hanté par l’esprit de Frank et de Jimi, Vai est ici au sommet.

Clin d’œil macho rigolo aux David ? (Lee Roth et Coverdale bien sûr.)

Clin d’œil macho rigolo aux David ? (Lee Roth et Coverdale bien sûr.)

D’autres surprises vous attendent dans “Inviolate”, dans lequel Steve Vai présente fièrement sa nouvelle guitare mutante, Hydra, inspirée par l’un des scènes de Mad Max : Fury Road et aussi impressionnante que la Pikasso 42 string guitar de Pat Metheny. Nul doute que sur scène son nouveau joujou extra lui permettra de repousser cordes et âme les limites de la virtuosité ludique. En attendant, croisons les doigts, de le retrouver alive and well, apprenez donc par cœur ce disque : vous ne le regretterez pas.

CD / DIGITAL “Inviolate” (Mascot Label Group, sortie en LP le 18 mars).
NET vai.com

La bande-annonce officielle de “Inviolate”, c’est là Inviolate
La vidéo de Little Pretty : Littlepretty