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Give me a Kiss : “Destroyer” is back !

KISS Pochette

Oubliez la version Remaster de 1997 : pour fêter le 45e anniversaire de “Destroyer”, l’album qui fit entrer Kiss dans une nouvelle dimension en 1976, le voici enfin réédité dans les règles de l’art : Deluxe Edtion assortie d’un CD de 14 inédits et d’un passionnant livret. Doc Sillon ressort sa boîte à maquillage !

En 2006 dans Muziq, la culture rock d’un célèbre pianiste de jazz éclatait au grand jour. Brad Mehldau parlait en ces termes de Beth, la célèbre ballade de “Destroyer”, le quatrième album studio de Kiss  : « Je n’ai pas entendu cette chanson depuis des années, et je la connais toujours par cœur. Elle fait partie de ce que j’écoutais à la radio, enfant. Je me souviens qu’à 8 ans [en 1978, NDLR], je ne l’aimais pas. Pour moi, Kiss devait être méchant, diaboloque, et là, il n’y avait même pas de guitare, je trouvais que c’était un morceau de mauviettes !  C’est presque de la saccharine, la douceur est parfois trop sentimentale, mais je n’avais pas envie de couper votre Discman, les arrangements sont assez réussis. Il y a une certaine douleur aussi. » Ainsi, lors de ce blindfold-test mémorable mené par Baptiste Piégay, les lecteurs du magazine qui aimait les mêmes musiques que vous avaient pu mesurer l’impact de la musique du groupe de Paul Stanley, Ace Frehley, Gene Simmons et Peter Criss sur la jeunesse américaine, et c’est d’ailleurs grâce à Beth qu’aux Etats-Unis Kiss gagna un nouveau public, nettement plus féminin.

En 1976, Kiss était à un tournant. Après trois albums d’« art primitif », dixit le bassiste à la langue toujours bien pendue Gene Simmons, et un double live qui les avait catapulté dans une nouvelle dimension, nos amis hard-rockeurs maquillés voulaient aller encore plus haut, évoluer musicalement sans perdre en route leur si fidèle fan base, la Kiss Army. Pour ce faire, ils s’attachèrent les services – et eurent aussi à subir les sévices… – du futur producteur de « The Wall” de Pink Floyd, Bob Ezrin, déjà fort réputé pour son travail avec Alice Cooper – gageons que Paul, Ace, Gene et Peter conaissaient déjà par cœur les inusables “Love It To Death”, “Killer”, “School’s Out”, “Billion Dollar Babies” et “Welcome To My Nightmare” avant d’entrer en contact avec lui.

Kiss en 1976 devant la vitrine du célèbre disquaire new-yorkais Colony

Kiss en 1976 devant la vitrine du célèbre disquaire new-yorkais Colony

Votre Doc doit vous avouer une chose : la “45th Anniversary 2-CD Deluxe Edition” de “Destroyer” parvenue à la rédaction de muziq.fr tourne en boucle sur sa platine depuis plusieurs jours. Jamais ce classique du hard-rock made in USA n’avait aussi bien sonné. Jamais l’on n’avait aussi bien pris en pleine poire Detroit Rock City et ses effets cinématiques (ah ! ces explosions, ce marteau-piqueur cette bagnole qui dérape, ces bris de glace !), les riffs de King Of The Nght Time World et de Sweet Pain, la batterie de Peter Criss dans Do You Love Me ?, le groove éléphantesque de God Of Thunder (avec ce gamin qui hurle tout du long ! « Okay ? »), les refrains catchy de Flaming Youth (on dirait du Cheap Trick !) et de l’irrésistible Shout It Out Loud.
Le CD bonus contient son lots de bonus tracks : six démos (dont cinq inédites, on adore celle de God Of Thunder) et six raretés, prises alternatives et/ou non conservées à l’époque (là encore, cinq pépites inédites, dont l’Acoustic Mix de Beth et l’Alternate Mix de Shout It Out Loud, qui valent le détour. Sans oublier quatre versions furieusement live de Deuce, Strutter, Flaming Youth et Hotter Than Hell enregistrées à L’Oympia de Paris le 22 mai 1976 – cocorico ! (Vous reconnaîtrez-vous en train de crier avant que ne commence Deuce ?) « Kiss sonnait alors comme le brûlant trait d’union entre les Stooges et Spinal Tap », écrivit le lendemain du concert l’oncle de Julien Ferté dans un quotidien local… Pas faux.

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Autre bonus passionnant, le livret de 24 pages, “The Story Od Destroyer”, rédigé par Ken Sharp, qui a recueilli la parole des principaux intéressés, les quatre membres du groupe et leur producteur. Et croyez-moi, on en apprend de belles sur la conception de cet album qui, d’emblée, divisa les jeunes hardcore fanatics du groupe (Brad Mehldau y compris). Les coups de sifflet de Bob Ezrin, Peter Criss qui en bave derrière ses fûts et joue tout nu (si, si), l’implication d’Ezrin, véritable “Cinquième Kiss” (comme on disait naguère de George Martin qu’il était le “Cinquième Beatles”), les moues dubitatives des Kiss men devant ce producteur un rien tyrannique mais qui, pour leur plus grand bien, les poussa à sortir de leur zone de confort afin de se renouveler : « “Destroyer était un album ambitieux. Travailler avec Bob Ezrin pour la première fois, c’était comme aller dans un camp d’entraînement », avoue Paul Stanley. Vu le résultat, ça valait le coup de souffrir. Car “Destroyer” est aujourd’hui un incontestable classic album, à (re)découvrir d’urgence dans sa nouvelle splendeur (super)sonique, et toujours avec sa pochette géniale façon super héros dessinée par Ken Kelly.

CD Kiss : “Destroyer 45th Anniversary 2-CD Deluxe Edition” (Universal, sortie le 19 novembre).
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